METALLICA (usa) - Grand Place Arras (14/08/08)
Groupes Présents au concert : GOJIRA, WITHIN TEMPTATION, METALLICA
Date du Concert : jeudi 14 août 2008
Lieu du Concert : Grand’Place (Arras, France)
Par où commencer ? Parce qu’un concert des Metallicats ca ne se chronique pas comme ca en deux trois phrases dithyrambiques, baveuses d’adjectifs laudatifs. Pour moi comme pour beaucoup de chevelus qui ont fait la transhumance vers la grande fosse à sueur du nord, l’événement était plutôt exceptionnel. Du coup, la sauce elle montait depuis un moment déjà…Depuis la sortie de l’autoroute à vrai dire, en tout cas pour tous ceux qui venaient du sud, et ils étaient nombreux compte tenu de l’emplacement géographique du bazar. Trois quarts d’heure pour parcourir les 400 mètres qui séparent la bretelle de sortie des deux pauvres caissières du péage, visiblement pas habituées à voire défiler tant de poilus braillards.
Derrière les barrières du péage, s’offrent à nous 5 kilomètres de routes désertes sur lesquelles le V8 vrombissant de la… Classe A qui m’avait pieusement pris sous son aile pouvait exprimer notre rage trop longtemps contenue. Give me fuel, Give me Fire !
Notre folle cavalcade, où notre véhicule frôlait les 49 km/h (agglomération oblige) est vite contenue puis stoppée par de fringants jeunes hommes vêtus d’un jaune clinquant qui nous parquent en rang serrés <Placez ici, selon votre gout, une comparaison à base d’oignons ou de sardines >. Dès lors c’est la position que nous adopterons jusqu’à la fin de la soirée.
Pour reprendre une belle métaphore de mon chauffeur, tels des tortues de mer fraichement écloses, notre instinct primitif nous pousse par bancs dans une direction commune malgré l’absence d’indications, vers cette mer humaines de nos frères dans laquelle nous allons bientôt nous ébattre. La densité augmente et c’est épaule contre épaule que nous rampons. Nos sexes collés aux postérieurs de ceux qui nous précédent, nez contre aisselles, que nous nous engouffrons dans les frêles ruelles qui contiennent douloureusement notre flux bruyant alors que les premières notes de GOJIRA retentissent au loin. Et c’est à nouveau plus de trois quarts d’heure qu’il nous faudra pour rejoindre le lieu de la grande messe (Il s’agissait de mon baptême à vrai dire). Le temps de chopper des frites à l’échoppe du coin, qui soit dit en passant, envoit du gros, et de remercier le seigneur d’avoir créé ce jour, METALLICA et les frites. Ma sainte trinité à moi.
Au loin, là bas, nous apercevons GOJIRA qui semble envoyer la purée sérieusement. Ou plutôt nous les voyons se démener sur un des deux écrans géants qui bordent la scène alors qu’un immonde amas sonore indéfini s’abat sur nos pauvres oreilles… A chaque mètre gagné, le son s’éclaircit et nous permet de reconnaitre des riffs bien connus, sur lesquels nous aurions aimé headbanguer comme des sales. Mais c’est frustré d’avoir loupé un show qui semblait bien burné, et dont nous n’apprécions que, de loin, les deux derniers morceaux que nous pénétrons enfin dans la place encore au deux tiers vides… s’en suivent 50 longues minutes d’attente que les gentils organisateurs ont eu la délicieuse idée de remplir par la diffusion de publicités projetées en boucle sur les écrans géants… un mag de gratte, MTV, mais aussi des chanteurs et chanteuses de soupe populaire… Et c’est bien dégouté que je me rends compte qu’il n’y a personne pour balancer, de rage, sa pompe ou son voisin sur l’écran. Chacun se bouffe sa portion de pub, bien gentiment, sans broncher, même pas choqués qu’au prix prohibitif de la soirée on ne nous épargne pas cette pollution visuelle et sonore.
M’enfin… L’excellence des organisateurs se vérifie encore avec la suite du menu. C’est avec deux trois nuages de fumée et une intro classique à en mourir que WITHIN TEMPTATION pénètre sur scène devant un parterre visiblement peu enjoué… Il n’est pas facile de trouver une première partie à METALLICA, mais la on vole très haut… Je n’avais rien contre ces jeunes hollandais dans le vent (Bien que, soit dit en passant, s’il y a un peuple que je hais sur cette planète, c’est bien celui-ci.) avant de voir leur piètre prestation sur scène. Leur musique est diablement plate, dénué de la moindre originalité. Anémique, je dirais. Le batteur n’a de mieux qu’un métronome, qu’une palette sonore à peine plus élargie. Les guitaristes (pourquoi sont ils deux d’ailleurs, si ce n’est pour habiter une scène franchement grande pour ces corps faméliques..) grattent en chœur quelques power chords simplistes dont la sonorité n’a de Metal que sa distorsion. Le clavier tente difficilement d’intégrer quelques atmosphères à cette pop maussade. Il faut tout de même reconnaitre qu’à côté de ses collègues en carton pate, la chanteuse, fait elle, preuve d’une réelle présence. Ses sourires, son dynamisme, tentent de faire oublier les ombres qui l’entourent… mais son chant, bien exécuté, il est vrai, sonne définitivement pop et ne saura que rarement intéresser les métalleux mal dégrossis que nous sommes.
De plus le groupe ne manque pas de se ridiculiser en abusant manifestement des playbacks. Une voix d’homme vient soutenir notre chanteuse dans un refrain… On scrute, on aperçoit bien des micros sur pieds pour les gratteux, mais, damned, personne derrière ! Notre oreille nous aurait elle trompé ? Plus tard, des backings vocals viennent chatouiller nos oreilles de brutes. Coup d’œil, ah, quelqu’un derrière le micro… le son parait bien régulier pour sortir d’une bouche si mouvante…mais bon, les miracles de la technique, tout ca… Mais, pas de bol, le coup suivant, le gratteux voyageur et un peu tête en l’air oubli de se réfugier derrière son micro alors que sa voix résonne dans les hauts parleurs. Pas désarçonné pour si peu, le garçon mimera dans le vide sa gueulante.
C’est donc plutôt réjoui que nous voyons WITHIN libérer la scène pour nos 4 amis.
Alors un peu loin de la scène, je me fais (malgré moi, vous pensez bien) aspirer par un courant qui m’emporte derrière un brave homme qui, fendant la foule d’un pas allègre, allait, si l’on en croyait ses dires, retrouver sa bonne maman, perdue aux premiers rangs. C’est donc à quelques mètres seulement de la scène que je passe la bonne heure d’attente qui précède l’entrée des Four Horsemen. J’y rencontre là un fidèle exemplaire, et colossal, qui a fait le pèlerinage depuis la belle ville de Toulouse. Comme quoi la foi peut déplacer les montagnes. Le fils aimant n’ayant visiblement pas retrouvé sa mère, mais pas troublé pour autant, amuse l’auditoire pour faire oublier son sans gêne. Au loin, au dernier étage d’un immeuble, un confrère indigène, visiblement désolé de notre attente ennuyeuse, fait don de lui-même et nous distrait du spectacle de son cul. Attention fortement appréciée de la foule qui le lui fait savoir. Très joueur, et dévoué, celui-ci tente de convaincre une de ses amie d’en faire autant sous les encouragements des 20 000 spectateurs de cette (il faut le dire tout de même) très belle grand place d’Arras. Ce a quoi, à notre plus grand regret, elle se refusera, la coquette.
La balance de la grosse caisse nous annonce sans ambages que nos tympans vont souffrir. Il est vrai que pour sonoriser un lieu si vaste il faut des watts et que je suis très proche de la scène. Le moindre coup de kick nous fait vibrer toute la carcasse.
Alors que nous commençons à nous inquiéter du retard des Cats, un de mes voisins, serviable, décide de passer un coup de fil à son pote Jaymz. Nous apprenons donc qu’une corde cassée au dernier moment le retarde, mais il promet une entrée rapide en scène. Quelques minutes après les habituels enfantillages de sa part au moment de raccrocher, les « non c’est toi qui raccroche le premier » (Après tout cet homme n’est qu’un adolescent en tournée depuis plus de 25 ans), les premières notes d’Ennio Morricone résonnent dans les oreilles de la foule en délire. Un sourire incontrôlable vient squatter mon visage, des frissons me parcourent l’échine et Robert Trujillo, le Bon, la brute puis le truand font leur entrée sur scène. Mon cœur blaste à tout va et fait des roulements à la double ventricule. Ca y est, Ils sont la, devant mes yeux. METALLICA !
« Creeping Death » commence les hostilités. La foule est prise d’un ressac tout puissant qui nous ballotte violemment, les uns collés aux autres, écrasés les uns sur les autres dans une communion métallique. Je sens mes chaussures vouloir quitter mes pieds, profitant du chahut et de lacets mal noués, mouvement d’affranchissement que je tente désespérément de refreiner en jalousant les heureux propriétaires de scratchs (putain, refaire des lacets dans ce bordel !).
Et les deux écrans, qualifiés de géants dans le début de l’article, prennent le statut d’écrans d’appoints alors qu’un gigantesque écran au format 1,85:1 rempli tout le fond de scène. Les images des multiples cameras présentent autour de la scène s’affichent sur une vingtaine de mètres de large. En plus d’exploser la taille des écrans, METALLICA explose la scène en tirant partie des extensions qui s’étalent des deux cotés du chapiteau. Et c’est donc une scène d’une cinquantaine de mètres que les 4 investissent et habitent majestueusement.
Robert, Kirk et James viennent chacun leur tour prendre place sur les extensions de scène, s’offrant en spectacle aux fans sur toute la longueur.
Des lances flammes placés sur les bords de la scène viennent réchauffer le fond de l’air déjà bouillonnant. Les musiciens sont visiblement en super forme et contents de jouer, leur présence scénique est indiscutable. Leur puissance naturelle, leur aura, magnifiée par les écrans géants qui projettent leur visage sur plusieurs mètres carrés.
Après « For Whom The Bell Tolls » et « Ride The Lightning », James prend la parole pour nous parler de la différence entre les fans de METALLICA, et les die hard fans. Ceux de la première heure, avant de nous balancer… « The Memory remains ! » A qui voulait il donc s’adresser ?… En tout cas, le morceau permet même à ceux qui ne savent pas chanter, et ils sont nombreux, votre serviteur en tête, de pousser des lalala en cœur, ce qui est tout de même plaisant. Peu au fait de ses qualités vocales réelles, le public s’en donne à cœur joie et massacre « Sanitarium ». James, hilare, ne manquera pas ensuite de saluer l’élégance vocale de notre monocorde SA-NI-TA-RI-UM.
S’en suit, « Cyanide », un morceau de l’album de septembre prochain... Il est un peu ardu de se prononcer sur une écoute dans ces conditions mais, à mon grand regret, celle-ci n’a provoqué aucun afflux sanguin dans mes cavités spongieuses. C’est même plutôt ennuyé que j’ai amicalement secoué mes cervicales au cours de ce morceau qui m’a paru long et répétitif, rageur mais monotone. Un sentiment similaire à celui qui me vient en écoutant St Anger. J’espère de tout cœur avoir manqué d’entendement ce soir là. A voir.
« And Justice For All ».
« No Remorse », premier morceau du set issu de Kill’em All, est l’occasion d’un traitement de l’image simulant une pellicule usée. 25 ans, putain. C’est sûr, ca prend de la patine ! Mais la rage du groupe semble toujours intacte sous les rayures.
«Fade To Black.
« Master Of Puppets », un monument. Les 3 gratteux montent sur une estrade qui s’élève de deux mètres derrière la batterie, tout le long de la scène, devant le gigantesque écran de leds. Les caméras renvoient quelques larsens d’image du plus bel effet.
« Whiplash », est à nouveau l’occasion d’un traitement du signal vidéo, encore plus déglingué. Mais aussi de sacré cavalcades à la double grosse caisse qui sont proches de me faire imploser le cerveau. Si on entend de plus en plus de critiques envers les batteurs qui utilisent des triggers pour homogénéiser leur frappe et nettoyer leur son, quitte à le rendre plus synthétique, je préfère, de mon côté les remercier. Je ne sais pas comment était le son pour les spectateurs éloignés, mais il faut dire que pour ceux proches des hauts parleurs, le son naturel des grosses caisses était si ample qu’il annihilait tout sur son passage lors de riffs à la double, et rendaient les morceaux largement inaudibles. La basse souffrait également à mon avis d’un réglage enthousiaste et ses parties se transformaient parfois en gigantesque vrombissement douloureux et peu musical.
« Nothing Else Matters »
« Sad But True »
Explosions, rafales de mitrailleuses, nous reconnaissons l’intro de « One » élégamment assortie d’effets pyrotechniques de toute beauté. Les explosions se font réelles sur une scène que la fumée vient recouvrir. Une tuerie.
James nous tourne le dos. Un cadreur facétieux vient saisir sa main droite, reposant sur le chevalet de son explorer, dans un gros plan qui vient envahir les 3 écrans de projections. La main gigantesque s’anime doucement et ce vieux cocu nous gratifie d’un magnifique doigt d’honneur sous l’ovation du public visiblement réjoui de ce geste d’affection.
Et c’est sur « Enter Sandman » que le groupe termine son set dans un feu d’artifice qui, de l’arrière de la scène, illumine le ciel d’Arras. Le public ne pense plus une seconde à la somme rondelette qu’il a déboursé pour assister à ce spectacle magnifique.
Les hurlements hargneux de plaisir des 20 000 poilus moulus et puants ramènent sur scène les musiciens qui nous envoient en travers de la face le bon vieux « Last Caress » des MISFITS et le fameux « So What ! » des ANTI NOWHERE LEAGUE. Ces vieux morceaux qui sentent bon le punk m’envoient direct dans le pit, où décidément il fait bon vivre. On prend des coups, on en donne, mais c’est aussi là qu’il y a le plus de place. Je regrette de ne pas y avoir mis les pieds plus tôt et m’en donne à cœur joie sur le mythique « Seek’n’Destroy » qui vient définitivement clore la performance des Four Horsemen dans un déluge d’effets visuels et une orgie de split screens. L’orgasme est atteint. C’est le moment des derniers câlins avant de s’endormir du sommeil du juste.
Ils nous gratifient d’un vrai départ de stars, chacun venant lâcher un petit mot dans le cromi, devant un parterre de fans en pamoison. Robert, puis james et Kirk, envoient par poignées des médiators à leur effigie dans la foule en délire. Tout en ayant conscience du ridicule de la situation j’espère que l’un deux atterrira dans ma main… perdu. Lancé de baguettes de Lars à quelques chanceux. C’est un public conquis qui quitte doucement les lieux, abasourdi, heureux, les yeux scrutant le sol, sans en avoir l’air, pour tenter de rapporter un ridicule bout de plastique blanc à encadrer à la maison.
Un grand moment de musique malgré quelques défauts de son. On regrettera tout de même une organisation et une affiche idiote qui nous ont fait louper GOJIRA et endurer WITHIN TEMPTATION, la diffusion de pubs insupportables entre les shows et un prix excessif. Mais chapeau pour les frites !
Ajouté : Mardi 26 Août 2008 Live Reporteur : Moloch Score : Lien en relation: Metallica website Hits: 57367
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