PUNGENT STENCH (at) - Alex Wank (Oct-2004)
Après le succès mitigé de « Masters of Moral, Servants of Sin » en 2001, le groupe autrichien de Death Métal Pungent Stench nous revient cette année avec un nouvel album, dont l’un des thèmes principaux est l’amputation. Enfin satisfait de leur son et de leurs compositions, Alex, batteur du groupe et compositeur avec Martin Schirenc, nous dévoile les coulisses d’« Ampeauty ».
Line-up : Schirenc (chant, guitare), Alex Wank (batterie), Fabio Testi (basse)
Dicographie : Mucous Secretion (Démo - 1988), Pungent Stench/Disharmonic Orchestra Split LP Split (1989), Extreme Deformity (EP - 1989), For God Your Soul... For Me Your Flesh (1990), Shisyu (EP - 1991), Been Caught Buttering (1991), Video La Muerte (Vidéo/VHS - 1993), Dirty Rhymes And Psychotronic Beats (1993), Club Mondo Bizarro - For Members Only (1994), Praise The Names Of The Musical Assassins (Best of/Compilation - 1997), Loot, Shoot, Electrocute / The Temple of Set Split (2001), Masters Of Moral, Servants Of Sin (2001), Ampeauty (2004)
Metal-Impact. Bonsoir Alex. Vous avez fait un long break entre 1997 et 2001. Depuis, vous essayez de faire des choses nouvelles ou vous collez à l’ancienne formule qui a fait le succès du groupe ?
Alex Wank. Bonsoir. Tout d’abord, je dois dire que ce break n’était pas réellement volontaire. Il a fallu faire une pause car nous jouions beaucoup à l’époque. Entre les répétitions, les enregistrements, les tournées, nos vies étaient devenues un peu bizarres. Mais depuis que nous avons reformé Pungent Stench, nous essayons de faire quelque chose de sensiblement différent au niveau des chansons, de leur composition, de l’enregistrement et de la production. Cet album, « Ampeauty », sonne un peu plus comme nos anciens morceaux, c’est vrai, mais nous n’aimons pas faire la même chose deux fois.
MI. Quelles sont les différences les plus notables avec l’album précédent ?
Alex. Vraiment, ils ne sont pas comparables. Nous n’étions pas très satisfaits de « Masters of Moral… ». Avec « Ampeauty », le son est meilleur, l’enregistrement est meilleur. Oui, le son dans son ensemble est enfin satisfaisant. Nous avons vraiment obtenu ce que nous recherchions. Les chansons en elles-mêmes sont également très différentes, notamment en terme de structure. Si on passait à quelqu’un qui ne connaît pas Pungent Stench « Ampeauty » et un de nos vieux albums, il ne reconnaîtrait sûrement pas.
MI. Vous n’étiez donc pas satisfaits de votre précédent album…
Alex. Non. La dernière fois, nous n’étions pas du tout satisfaits : nous n’aimions pas le son ; les chansons étaient un peu pauvres. Je pense également que la voix aurait pu être bien meilleure. Dans l’ensemble, l’album n’était pas assez Heavy. Il n’y avait pas de morceau qui te transporte ; il aurait vraiment pu être meilleur. Mais cette fois tout est différent ; on l’a répété pendant un an. Je ne dis pas non plus que « Masters of Moral… » est bon à mettre à la poubelle mais cette fois, nous sommes allés droit au but. « Ampeauty » est exactement comme nous le voulions.
MI. C’est votre deuxième album après avoir reformé le groupe, vous vous sentiez plus libre dans la composition ?
Alex. Tu sais, on a toujours fait exactement ce qu’on voulait, sans aucune pression extérieure. Le label n’a jamais été impliqué là-dedans. C’est seulement quand l’album est terminé, l’enregistrement bouclé, que la maison de disque intervient pour la promotion et la distribution. Cette fois-ci, par contre, on a travaillé différemment. Nous savions exactement ce que nous n’avions pas fait comme il aurait fallu la dernière fois. Nous avons fait tous les enregistrements au studio personnel de Martin ; cela nous a laissé tout notre temps pour faire les choses comme nous le souhaitions et une maîtrise totale sur l’enregistrement.
MI. Fabio Testi est votre nouveau bassiste. Comment a-t-il rejoint le groupe ?
Alex. Fabio habite à Vienne depuis 10 ans et Martin le connaissait. C’est lui qui a eu l’idée de demander à Fabio. Moi, je le connaissais à peine. Il nous a rejoint à peu près au moment des enregistrements mais il n’y a pas participé. Il n’a donc pas pris part à cet album. Pour l’instant, nous nous entendons très bien. J’avais aussi cherché parmi mes amis mais aucun ne joue de la basse. Nous avons un emploi du temps très chargé avec les répétitions ; nous avons donc eu de la chance qu’il soit libre car nous n’avions pas le temps d’attendre quelqu’un d’autre.
MI. Il n’a pas encore de surnom, comme toi et Martin ?
Alex. On aime bien nos surnoms, c’est vrai, c’est amusant. Mais tu sais que Fabio Testa n’est pas son vrai nom ? C’était un acteur italien des années 60. Il a repris ce nom.
MI. Tu penses qu’il participera à la composition du prochain album ?
Alex. Je ne sais pas. Honnêtement, je ne pense pas. Il a des goûts un peu différents des nôtres. S’il a des idées et qu’elles nous plaisent, bien sûr, nous les utiliserons. Mais cela marche très bien comme ça entre Martin et moi. Je pense qu’il participera simplement aux répétitions et qu’il nous aidera à peaufiner les morceaux que nous aurons composés.
MI. Et comment se passe le processus de composition ?
Alex. C’est très simple, nous nous retrouvons avec Martin en salle de répétition et nous nous mettons à jouer. Si quelque chose de bien en sort, nous continuons dans cette direction. Cela peut être un rythme, une mélodie ou un simple riff qui nous donne un point de départ à partir duquel on extrapole. Ensuite, nous effectuons de nouveaux changements. Parfois, on a composé un morceau au bout d’une heure et demi. Il arrive aussi que l’on ne trouve rien en trois séances. C’est très variable mais dès qu’on a trouvé quelque chose, on fonce dans le studio d’enregistrement de Martin et j’enregistre la batterie.
MI. La couverture de l’album est très particulière. Tu peux nous en parler ?
Alex. Elle a été réalisée par un photographe viennois. Je l’ai rencontré à l’occasion d’une recherche sur un livre et j’ai tout de suite beaucoup aimé ce qu’il fait. Je lui ai dit « hé, on recherche justement une pochette pour notre prochain album ! ». Il était très content. Il m’a montré peut-être soixante ou cent photographies et nous en avons sélectionné une petite trentaine pour l’album. Car il n’y a pas que la couverture qui soit de lui ; toutes ces photographies se trouvent dans le livret de l’album. Il a même proposé de prendre des photos du groupe. Il collectionne également des prothèses et des fauteuils roulants. Sa femme a dû se faire amputer, d’où son travail. C’était une collaboration très intéressante. Ces images m’ont même inspiré deux des textes d’ « Ampeauty », The Amp Hymn et Apotemnophiliac.
MI. C’est donc ce thème de l’amputation qui a donné son titre à l’album ?
Alex. En effet, le titre « Ampeauty » est formé à partir des termes anglais « amputee » (amputé) et « beauty » (beauté). Un oxymore qui risque de choquer mais qui reflète bien l’idée de l’album. Bien sûr, la beauté n’est ni dans notre musique, ni dans nos textes. Les paroles de nos chansons sont plutôt dures et on peut qualifier notre musique de sale. La beauté, c’est autre chose ; quelque chose de lumineux. Peut-être que certains voient de la beauté dans ce que nous faisons –en fait, j’espère même que c’est le cas– mais moi, je ne trouve pas. Dans « Ampeauty », la beauté réside dans les photographies.
MI. Tu dis que vos textes sont durs, sales. Pourquoi ce choix ?
Alex. Peut-être parce que notre esprit est sale, parce que nous pensons salement [rires] !? Cela a toujours été ainsi ; nous avons toujours été comme ça. Je ne pense pas que nous soyons des gens « normaux ». Mes opinions, mes idées sont très différentes de celles des gens normaux. Je ne vois pas la beauté là où la plupart des gens la voit. J’écris sur ce qui me dérange, ce qui m’amuse. J’ai souvent des textes assez cyniques… En fait, j’ai un mode de vie plutôt sarcastique.
MI. Il y a un message derrière tes textes ?
Alex. Bien sûr, j’espère. Cet album ne traite pas que de l’amputation. C’est seulement une des facettes ; il traite de beaucoup d’autres choses. Tout m’inspire dans la vie de tous les jours et je grossis le trait pour le restituer dans mes histoires très extrêmes. Toutes les chansons ne sont pas porteuses d’un sens profond mais il m’arrive souvent d’y faire passer mes opinions.
MI. Sur la religion, par exemple ?
Alex. Oui, j’adore la religion. Je suis tout particulièrement obsédé par la religion, surtout la religion catholique. Il y a tant de choses qui se passent dans le monde à cause de cette religion. Cela me donne des idées. Mais il n’y a jamais de vrai concept dans nos albums.
MI. Comment définirais-tu le son de cet album ?
Alex. Il est très Heavy, sec, sale, comme je le disais tout à l’heure, et direct. Nous l’avons composé et enregistré très « droit au but ». Il est assez Groovy aussi, par certains côtés, et il y a des mélodies faciles à mémoriser. Dans l’ensemble, c’est un album homogène ; il vous colle à l’esprit, si je peux formuler cela ainsi. Il est riche, il y a beaucoup de choses à y découvrir.
MI. Quel est ton morceau préféré ?
Alex. Aucun. Je suis très satisfait d’ »Ampeauty ». Il n’y a aucun mauvais morceau, l’album n’est jamais ennuyeux. Nous n’aimons pas faire les choses deux fois et nous cherchons sans cesse à nous renouveler. C’est pourquoi il y a toujours des surprises, dans chaque album. Je dirais juste « écoutez et appréciez ».
MI. J’ai vu que vous aviez plusieurs tournées prévues…
Alex. Tu parles de notre page d’accueil ? Elle n’est pas à jour mais devrait l’être bientôt. Nous travaillons sur notre site Internet en ce moment. Nous avons une grande tournée de prévue, en effet, qui couvrira un grand nombre de pays : Autriche, République Tchèque, Slovaquie, Suède, Pologne, Espagne, Nouvelle Zélande, Écosse, Pays Baltes, Russie, Etats-Unis –où l’album ne sort qu’en janvier– Grèce, Turquie… J’en oublie sûrement ! Et plusieurs dates en France, bien sûr. Je crois notamment qu’on doit se produire à Paris deux ou trois fois tout au long de la tournée.
MI. Et le prochain album ?
Alex. Je ne pense que vous aurez encore trois ans à attendre cette fois. Je suis conscient que cela faisait long et que nos fans commençaient à s’impatienter. Je pense que nous allons commencer à écrire cette année, avant et entre les concerts. Cela prend du temps de composer un album mais il y a des chances pour qu’on puisse le sortir d’ici deux petites années.
MI. Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Alex. Merci de votre soutien. J’espère venir vous voir en France très bientôt car j’adore jouer dans votre pays. Et en attendant, allez écouter l’album !
Ajouté : Mardi 19 Octobre 2004 Intervieweur : Kandra Lien en relation: Pungent Stench Website Hits: 23749
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