IRON MAN: My Journey Through Heaven And Hell With Black Sabbath (2012)
Auteur : Tony Iommi
Langue : anglais
Parution : 11 décembre 2012 (2e édition)
Maison d'édition d'origine : Da Capo Press Inc
Maison d'édition Française : Camion Blanc
Nombre de pages : 432
Genre : Autobiographie
Dimension : 15 x 23 cm
ISBN-10 : 0306821451
ISBN-13 : 9780306821455
Que sait-on vraiment de Tony Iommi ? L'homme en noir, le guitariste génial qui a "inventé" le Metal, l'un des quatre fondateurs de BLACK SABBATH et son leader incontesté. Celui qui a porté le groupe sur ses épaules pendant plus de quarante ans, voyant se succéder un nombre incalculable de musiciens au chant, aux fûts et à la basse tandis que lui restait l'indétrônable guitariste mythique d'une formation qui ne l'était pas moins. L'autobiographie tant attendue du guitariste n'est pas le brûlot qui lèvera le voile sur les zones d'ombre du groupe. Cette bio, c'est un livre qui ressemble à son auteur. C'est le livre d'un musicien plutôt discret, un artiste de la six cordes, un dieu du manche qui n'est pas autant à son aise avec un stylo qu'avec une guitare. Toni Iommi se raconte simplement, presque modestement, livrant des faits une version parfois brumeuse ou évasive, nébulosité que Tony met opportunément sur le compte de la drogue.
Quand on veut mieux comprendre un groupe mythique comme BLACK SABBATH, on peut être tenté de penser que les mieux placés pour en parler sont ceux qui l'ont créé, ses fondateurs et musiciens Tony Iommi, Bill Ward, Geezer Buttler et Ozzy Osbourne. Dans la recherche de la vérité d'un groupe, il ne faut pourtant pas se contenter des écrits de ses protagonistes et leur préférer le regard distancié et plus objectif d'un biographe extérieur. Le biographe va croiser les témoignages, rechercher la vérité des faits et livrer un récit de ce qui s'est passé. Le musicien qui se raconte va livrer sa vérité. Celle qu'il a perçue ou celle qu'il a envie qu'on perçoive. Il ne faut donc pas considérer ses déclarations comme des vérités premières. Il faut accepter sa proposition comme un point de vue sur l'histoire et éventuellement une fenêtre sur son âme.
Une fois ceci accepté, on peut considérer l'autobiographie de Tony Iommi pour ce qu'elle est. Une belle introspection, pas trop complaisante (mais quand même un petit peu), pas toujours très objective ni précise. En 90 chapitres, Tony Iommi lève le voile sur un groupe légendaire de sa création à sa réunion en passant par les hauts et les bas qui ont fait vaciller le colosse mais ne l'ont jamais abattu. L'auteur choisit de se souvenir de certains moments, en passe d'autres sous silence. La construction suit une trame chronologique un peu répétitive et lénifiante quand elle égrène les albums et les tournées comme on enfile les perles. Le fan du SAB est en terrain connu. La genèse du groupe, les premiers albums, la rupture avec Ozzy, remplacé par Dio, l'album avec Ian Gillian, puis la tentative solo de Seventh Star, la décennie Tony Martin, les différentes tentatives de réunion du quartet historique, la carrière solo d'Ozzy... Ce sont des périodes qui ont été largement commentées par ailleurs. Ce qu'on pourrait attendre de Tony Iommi, c'est de l'inédit, des révélations, des petits secrets. Ce n'est pas le livre pour cela et toute personnelle qu'elle soit, la version du guitariste n'apporte pas le lot de révélations ou de petites anecdotes qu'on aurait aimé y découvrir.
Iron Man... n'est donc pas la biographie ultime et absolue des pères du Heavy Metal, mais c'est pourtant une belle page d'histoire du Metal racontée par l'un de ses protagonistes privilégiés. Et même sans révélations hors du commun, le livre propose un bon lot de petites histoires, comme la façon de fabriquer un son aqueux pour l'instrumental "Stonehenge" de l'album Born Again ou les blagues de potaches que se faisaient les musiciens, sorte de marque de fabrique du groupe, à base de fromages cachés sous les lits, de serpents morts et de poupées vaudou. C'est finalement dans ces petits moments de détente que l'homme en noir semble se départir de sa réserve, se remémorant avec mélancolie les bons moments de camaraderie qui soudaient le groupe. Car quand il est question de musique, le ton n'est pas à la galéjade. En musicien totalement investi dans sa création, le guitariste semble avoir traversé les décennies comme une ermite replié sur sa musique. Des autres musiciens, il n'est que peu question, mis à part les amis de toujours (John Bonham, Rob Halford, Brian May) et les nombreux protagonistes du SAB. Mais là encore, point de révélations fracassantes ni même d'impression qui dépasse le cadre purement professionnel. Tony Iommi est d'un mutisme confondant concernant Tony Martin qui a pourtant passé plus de dix ans avec BLACK SABBATH. Il n'est pas non plus le bon interlocuteur pour faire l'autocritique de son travail ou analyser ce qui a marché ou non dans les albums produits par le groupe. Jusque dans ses mémoires, Tony Iommi reste le gardien du temple et veille à ne pas salir la statue du Commandeur.
Le texte anglais est assez accessible et je ne saurais trop vous recommander une lecture en version originale tant la traduction de la version française publiée chez Camion Blanc est piteuse. Tony n'a pas la gouaille ni la verve d'Ozzy dont la propre autobiographie, retranscrite dans un semi argot est plus difficile d'accès en version originale. L'écriture de Tony est bien plus simple. Elle lui ressemble, le livre est écrit avec une désarmante simplicité. Le texte manque un peu d'humour ou de dérision mais dissimule ici et là quelques traits d'esprit ou petites remarques subtiles que la traduction a totalement gommées.
En synthèse, un livre complémentaire sur le SAB, ni le plus complet, ni le plus amusant à lire.
Ajouté : Vendredi 15 Janvier 2016 Chroniqueur : Rivax Score : Lien en relation: Black Sabbath Website Hits: 13408
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