Quel soulagement ! Fini les études sociologiques, les polars noirs comme le sang, les enquêtes à rebondissements du Vatican à Washington ou les biographies pieuses. Terminé ! Place à l’humour, à la légèreté, à la bière, aux gags et au gros son, comme l’entends le sous-titre de ce premier opus de Metal Maniax. Le Metal en BD, voilà quelque chose qui n’est pas très conventionnel et qui apporte un bon bol d’air frais à la fin d’une pénible journée de travail. Fef (scénarios) et Slo (dessins), voilà les deux responsables de ces éclats de rire qui auront résonné très tard dans ma chambre à coucher. Voilà probablement le plus beau compliment que je puisse leur adresser. Et il intervient déjà très tôt dans cette review, c’est dire.

Composée en un mois de travail intensif, cette cinquantaine de pages (plus une dizaine consacrée à 18 invités qui se seront prêtés au jeu de l’hommage en image) met en scène un petit groupe de métalleux, coutumiers d’un sympathique bar tenu par Tony, une brute épaisse qui cache un cœur d’artichaut. Il y a Marco le blackeux, Spike le coreux, Sam et sa veste de hardos à patchs et Vince, cheveux gras et gras du bide. Cette joyeuse bande se retrouvera confrontée à des situations de la vie de tous les jours et au petits tracas quotidiens : panne de tireuse, nausées post-alcoolisation massive, initiation d’un jeune padawan au Metal, concerts qui finissent mal, le répertoire et les idées de Fef sont intarissables. L’arrivée de la charmante Nina au milieu du bouquin apportera son pesant de sex-appeal à l’affaire. Les histoires racontées tiennent en une page, à la manière d’un Titeuf, ce qui offrira, vous le comprendrez, une multitude de situations cocasses dans différents lieux de la vie en communauté, d’un bar à une église. Slo ne se gêne d’ailleurs pas pour caricaturer ses personnages, le coreux est bagarreur, le blackeux est romantique, etc… Ce garçon possède un coup de crayon aiguisé, très agréable à regarder. Les dialogues sont décousus et représentent bien l’archétype du métalleux de base, toujours à vouer une passion dévorante pour l’alcool et sa musique préférée. On sent que les auteurs rendent un hommage fort à une culture qui a influencé leurs vies respectives, et ils le font avec beaucoup d’autodérision, ce que j’apprécie encore plus. Cette bande-dessinée de petit format n’en demeure pas moins complète, elle possède même un petit « lexique du metalleux », toujours rédigé avec beaucoup d’humour. Les seules fausses notes que j’ai trouvé n’en sont même pas de vraies. La première se transformera rapidement en énième compliment : cet ouvrage se dévore en une heure de lecture, c’est beaucoup trop court et on en redemande constamment. La deuxième est anecdotique, il s’agit d’une petite coquille sur la quatrième de couverture : « Sam, Vince, Marco, Spike et Nina sont quatre metalleux typiques ». Et pourtant je n’étais pas doué en maths…

Ainsi je vous recommande chaleureusement l’acquisition de cette BD, qui ne vous coûtera pas plus cher que deux paquets de Chesterfield en 25 ou une bière sur les Champs-Elysées. Elle rappellera probablement de bons souvenirs de jeunesse à beaucoup d’entre vous et pour ceux qui n’ont pas eu de jeunesse métalleuse, elle vous fera oublier ce détail au détour de multiples rictus.