Human Pain et Murder Concept, les deux premiers albums de YATTERING, avaient permis au groupe de devenir l’un des noms incontournables de la scène brutal Death. Genocide marque le retour aux affaires des polonais après un long moment de silence imposé par les méandres de l’industrie musicale.
J’ai toujours perçu YATTERING comme un groupe à part, un groupe qui pousse son interprétation du brutal Death dans ses derniers retranchements, allant jusqu’au bout de ses idées et faisant abstraction des modes.
A mon sens, YATTERING rejoint les Quebequois de GORGUTS dans le style : une technicité remarquable mise au service d’un « feeling » aigu qui aboutissent à une approche musicale, émotionnelle, mais aussi très intellectuelle du brutal Death.
Genocide risque d’en surprendre beaucoup, mais pas ceux qui ont compris qu’avec de tels groupes, il faut s’attendre à tout. On est quand même loin d’une révolution ou d’une messugahisation de leur style, comme ce que j’ai pu lire parfois… Le groupe a juste évolué. Les rythmiques donnent aux compositions un aspect très chaotique, dans le sens mathématique du terme, qui correspond à un désordre apparent mais organisé, où le hasard n’a pas de place. L’ensemble est souvent syncopé, heurté, arrêté. La batterie est pour beaucoup dans cet état de fait, tant ses lignes sont complexes. Une sensation de lourdeur, de désarroi voire de schizophrénie habite ce disque.
Genocide est moins brutal que ses prédécesseurs mais sans aucun doute beaucoup plus aboutit. La production monumentale, le travail des sons de guitare ; des soli (magnifiques, montrant un progrès certain), permet au groupe de mettre en avant son sens de la construction musicale et du travail de composition plus que sa violence naturelle ou l’effarante technicité de son batteur.
Genocide est en tout point un chef d’œuvre, qui laissera sans doute des incompris parmi ceux qui ne voient dans le brutal Death qu’une extériorisation de leur bestialité frustrée, et qui comblera ceux qui sont aussi à la recherche d’une musique qui vient autant des tripes que du cortex.