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ROCK'N'ROLL : Les Incontournables (1992)





Auteur : Philippe Paringaux
Langue : français
Parution : Octobre 1992
Maison d'édition : Editions Filipacchi - Société Sonodip
Nombre de pages : 240
Genre : Dictionnaire subjectif du Rock
Dimension : 31 x 24 cm
ISBN-10 : 2850183164
ISBN-13 : 9782850183164








Ce qu’il y a de formidable avec une bibliothèque, c’est qu’on s’y prend vite pour un Indiana Jones de la littérature perdue, à la recherché de trésors enfouis, de livres magiques, de bouquins chiffonnés mais abritant mille histoires extraordinaires. Qui sait, coincé entre le dernier exemplaire de France Football et la biographie de Lady Di, peut-être que là se cache l’œuvre écrite de vos rêves …
On s’aventure, timidement, vers une étagère intitulée Musique et Cinéma, et là, on se prend à rêver … Il apparaît, comme une évidence, avec sa belle couverture en noir et blanc. Rock’n’Roll, Les Incontournables, voilà son petit nom, à cet objet de lecture tant attendu. Il en découle une soif d’apprendre, de ré-apprendre, au sens large et historique du terme, d’où viennent vraiment les racines du Rock. Pour votre serviteur, si le sujet s’était un peu plus rapproché du Metal lourd, en tous cas du Rock dur que l’on appelle vulgairement du Hard, oui, ça aurait été le panard. Alors bon, on se contente de ce qu’on trouve, même si, sans le savoir, l’expression « vulgairement du Hard » va prendre tout son sens quelques pages plus tard … La déconvenue est de taille, d’autant que l’ouvrage, rassemblant tout un tas de « spécialistes » (hum) du Rock et dirigé par Philippe Paringaux (connu pour avoir été rédac’chef de Rock & Folk), commence par A (oui, oui, souvenez-vous, l’alphabet …) mais surtout par AEROSMITH. Alors on succombe d’entrée à la tentation de poursuivre …
Instructive comme toute encyclopédie du Rock qui se respecte, elle permet de revenir logiquement mais avec beaucoup d’approximation sur les origines du phénomène qui a très vite terrorisé la famille idéale de culs bénis. La faute aussi, dans cette désinvolture regrettable, à des chroniqueurs qui prennent un ton beaucoup trop familier et uniquement compréhensible par leur propre ego qu’on imagine surdimensionné … Le Rock, qu’il soit à Billy ou Hard comme le fer, ne s’est jamais revendiqué prétentieux ou hautain, messieurs, en 1992 vous sembliez l’avoir oublié …
Mais bon, comme le disais-je, Les Incontournables revient à la genèse et c’est tant mieux : Chuck Berry, Elvis Presley, Jerry Lee Lewis, les BEATLES, Eric Clapton, les KINKS, Jimi Hendrix, les ROLLING STONES, les ALLMAN BROTHERS (voilà un groupe qui pétarade !!!), etc … Même si le fait de parler de Clapton sans évoquer le Power trio CREAM paraît bien surprenant, disons que les bases sont posées. N’importe quel guitariste appréhende toujours, avec ce genre de livres, de retrouver les mêmes clichés (même si on parle d’icônes, quand même) : Clapton, pas de problème, Hendrix, bien évidemment, Carlos Santana, pourquoi pas, mais enfin, oui, enfin est abordé le cas Jeff Beck (article signé Hugo Cassavetti). Car il s’agit de l’un de ces six-cordistes les plus sous-estimés et les plus novateurs de tous les temps, ayant touché à tous les styles, y compris celui que nous affectionnons tant.
En un sens, découvrir la liste des artistes qui ont touché de près ou de loin au Hard Rock sans s’éloigner du Rock (tout court) fait voler en éclats toute notion de frontière entre les « genres ». Il y a ceux qui ont basculé en permanence entre psychédélisme et progressif comme PINK FLOYD (note particulière : David Gilmour est un génie de la gratte) avant de marquer à jamais les frangins fondateurs d’ANATHEMA. Ceux qui ont osé s’aventurer sur les Terres du Hard en le mêlant parfois outrageusement à la Pop ou au disco, le tout avec une certaine classe (QUEEN). Ceux de la vague Punk (CLASH, SEX PISTOLS, les NEW YORK DOLLS) qui ont par la suite insufflé une nouvelle attitude à la musique extrême. Ceux qui, bien des années plus tard, ont accouché d’un album avec PEARL JAM (Neil Young et son Mirror Ball en 1995). Ceux qui, sans le savoir, ont donné naissance à des rejetons encore plus gothiques, à l’instar de DEPECHE MODE (pour lequel les membres de PARADISE LOST n’ont jamais caché leur admiration) ou THE CURE. Et puis lorsque François Gorin rend hommage au premier quatuor destructeur, les WHO, comment ne pas penser à ce cher Blackie Lawless de WASP ?
Bref, on tourne autour du pot avec une certaine habileté, et malheureusement quand la plume s’en prend à nos chevelus préférés, c’est la dégringolade. Deux mots : DEEP PURPLE. A mon sens, quel groupe peut se vanter d’avoir intégré à son Heavy Metal autant d’influences néo-classiques avant le Pourpre Profond ? Cassavetti, lui, résume la bande à Blackmore (DEEP PURPLE sans Blackmore ne sera jamais DEEP PURPLE, soyons bien clairs) en ces termes : « DEEP PURPLE, c’est la face populaire du Hard, le Heavy grand public avant que le grand public ne le pervertisse ». Et puis quoi encore … On a beau lire, quelques lignes avant, des commentaires élogieux, la pilule ne passe pas. DEEP PURPLE populaire, c’est un peu comme si on disait que votre chérie couche avec tout le monde, sans se faire prier …
On passe ensuite au chapitre délicat, celui des GUNS N’ROSES. Le groupe typique pour incarner le Rock dans tous ses excès (bien que les DOORS aient aussi droit à une double page). C’est signé Laurent Chalumeau et voici quelques extraits : « la différence entre Gunz N’Roziz et les autres, c’est qu’au lieu d’être juste cons comme les autres, les Gunz N’Roziz sont fous » ; « Le Jack Daniel’s n’apaise plus les tremblements de l’autre mandolineux, il les ralentit juste » ; « le chanteur prend des pilules pour se retenir de se trépaner lui-même au démonte-pneu » ; etc … Deuxième degré ? Cinquantième degré ? Cliché facile et racoleur ? Comment interpréter ce pseudo-résumé basique et insultant du Rock N’Roll ? Mais au fait, qui est Laurent Chalumeau ? !!!
Alors finalement, l’ouvrage, pour le Die-Hard que je suis, a tendance à irriter. Le Rock serait noble et le Hard n’en serait que l’enfant terrible, drogué, alcoolique, ingérable, satanique (allusion faite à BLACK SABBATH sur la page consacrée à DEEP PURPLE) ? Les lignes de François Ducray sur LED ZEPPELIN n’atténuent pas la douleur, même si la plume est plus respectueuse. En revenant aux premières lettres, oui, oui, vous savez, l’alphabet, tout ça … Bref, avant AEROSMITH, dans les « A », on aurait légitimement pu trouver un AC/DC, au hasard. Il n’en est rien. Ou un MOTOHEAD, à la lettre « M », puisque Lemmy a prétendu ne jouer que du Rock N’Roll. Voilà deux groupes qui méritaient plus leur place en ces pages que des artistes plus « Pop » comme Madonna, Michael Jackson, Gainsbourg (!), Jacques Dutronc (!!!), Prince ou EURYTHMICS. Il ne suffit de choquer pour se prétendre du Rock, ou alors c’est moi qui m’égare …
Déjà que la forme laissait à désirer sur certains points (notons quand même de magnifiques photos de chaque artiste qui compensent des libertés textuelles « étonnantes »), disons que le fond peut laisser songeur. Retour à la bibliothèque, donc.


Ajouté :  Jeudi 10 Février 2011
Chroniqueur :  NicoTheSpur
Score :
Hits: 60081
  
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